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§ 2. — SITUATION MATÉRIELLE DU CORRECTEUR


I. — Les salaires.


A. — Généralités


Tous les témoignages du passé s’accordent pour affirmer que, dès les premiers temps de l’imprimerie, le correcteur ne fut « point considéré par le maître comme un inférieur, comme un salarié, mais comme un collaborateur, comme un ami ». Très souvent même, il n’était que cela, n’ayant avec le personnel qu’un seul lien, l’œuvre entreprise ; un seul souci, la beauté du travail ; un seul but, l’achèvement heureux du livre.

Cette situation n’était point sans quelques exceptions, il faut le croire ; elle ne devait d’ailleurs pas durer. Déjà, avant que soit écoulé le siècle qui eut l’honneur de présider à la naissance de l’art typographique, les textes laissent entrevoir la certitude d’une rémunération versée au savant qui déchiffre, qui annote ou qui complète le manuscrit et assure la revision des épreuves. Celui-ci travaille tantôt pour le Soleil d’Or (Sol aureus), tantôt pour le Chevalier au Cygne, ou pour le Soufflet Vert. Parfois, à l’instar des compagnons, le correcteur vit au milieu de l’atelier ; il s’assied alors à la table des maîtres ; son salaire est fixe, sans aucun rapport avec l’œuvre accomplie et le temps de travail. D’autres fois, le correcteur est chargé d’une tâche bien déterminée, qui l’oblige à une préparation attentive du travail et à des recherches longues et soignées ; la rémunération est débattue d’un commun accord avec le maître sans aucun égard à la longueur du temps. Mais, dans l’un comme dans l’autre cas, le correcteur compte parmi les membres de la famille industrielle et artistique de l’imprimeur : il