Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/530

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Paris ne sauraient jamais acquérir le degré de science qui est nécessaire ; d’ailleurs, les Liégeois et les Avignonnais, habitués à ne pas gagner grand’chose dans leur pays, se contentent aisément de ce que le maître veut leur donner, et cela fait qu’ils ont la préférence[1]

Par un contrat en date du 8 juin 1548 — que nous pensons être un contrat d’apprentissage — Macé Bonhomme, imprimeur à Lyon, assure à son apprenti correcteur André Saulnier un salaire convenable[2]. En 1580, Plantin agit de même à l’égard d’Olivier van den Eynde qui s’engage à servir d’abord d’aide aux correcteurs[3]. M. Morin cite, lui aussi, un exemple d’apprentissage rémunéré à un tarif assez élevé ; l’apprenti devait-il devenir correcteur ? Nicolas Le Cœur, le 8 janvier 1640, passe contrat avec Jacques Oudot, maître imprimeur, à Troyes. Durant la première année de l’engagement, Le Cœur recevra à titre de salaire — en plus, sans doute, en sa qualité d’apprenti, du « lict, hostel, feu et lumière » — 5 sols par jour ; la deuxième année, 6 sols[4]. « Le Coœur sera monstré, enseigné », et « s’il faict plus d’ouvrage que n’ont coustume d’en faire les aultres compagnons, il sera payé en surcroît[5] ». — Ainsi, à plus d’un demi-siècle de distance, Nicolas Le Cœur, un apprenti, reçoit une rémunération analogue à celle que M. Baudrier attribue, d’après un contrat de 1580, à Denys Cotterel, compagnon lyonnais[6] ; et, fait assurément exceptionnel, cette rémunération est presque la moitié de celle accordée, à Troyes également, exactement à la même date (1643 et 1654), aux compagnons Sébastien Moreau et Nicolas Martin[7].


D. — Les salaires au xviiie siècle


Au xviiie siècle, les salaires subirent une nouvelle hausse, due sans doute à une augmentation du prix de toutes choses : les compa-

  1. L. Radiguer, Maîtres imprimeurs et Ouvriers typographes.
  2. Voir p. 161 et 171.
  3. Voir p. 161, 504 et 531.
  4. Cette somme représentait à peu près 1 fr. 30 à 1 fr. 40 de notre monnaie (1910), ce qui équivaut à un salaire annuel de 300 à 310 francs (1.000 francs environ en 1923), à raison de 230 jours de travail annuel.
  5. D’après M. Mellottée.
  6. Voir p. 501.
  7. Voir p. 501.