Le 17 juin 1572, le roi recevait des compagnons un long mémoire de Remontrances exposant, pour chacun des articles de l’édit de 1571, les sentiments des ouvriers : « Il est inadmissible, disait le mémoire, que, « soubz couleur que la besongne » soit pressée, on en confie une partie à d’autres qu’à ceux qui ont été engagés pour l’exécuter (art. 7), car, à l’approche d’une série de jours de fêtes par exemple, le maître, pour n’avoir pas de salaire à payer pendant ce temps, fera finir l’ouvrage en augmentant le nombre des travailleurs qui en sont chargés. « La loy… doibt estre réciproque sans pencher d’un costé. » Le compagnon est tenu de terminer le labeur dont on le charge ; le maître, de son côté, ne doit pas en retirer une partie à son ouvrier ; c’est à lui de prévoir le temps qui sera nécessaire pour exécuter l’ouvrage. »
« Un compagnon ne peut commodément advertir son maistre de son partement huict jours avant l’ouvrage achevé (art. 13). Car il n’a les copies et ne peut sçavoir quand la besongne s’achèvera. » « Au fort serait esquitable que le maistre et le compagnon s’advertissent réciproquement l’un l’aultre du congé à prendre ou à bailler. »
« Fournir un certificat quand les compagnons changent d’atelier (art. 15) est « chose qui n’a jamais esté usitée, mais plus tost destestée « à l’imprimerie » ; ce serait les rendre esclaves des maîtres qui, par vengeance, pourraient les empêcher de travailler, en refusant de leur donner un certificat. »
Enfin les compagnons observent avec vivacité que les peines corporelles, permises par l’article 22, sont un mal « qui oncques ne fut practiqué en art, estat ne mestier quelconque, tant vil soit-il… Pareillement serait violer indignement la liberté naturelle des hommes… Eux sont plustost guidez à faire plus que le debvoir par vertu et honneur, que contraintz par force. »
Le 10 septembre 1572, le roi promulguait sa déclaration sur l’édit concernant la réformation de l’imprimerie. Sur de nombreux points l’édit de 1571 était modifié, donnant satisfaction aux doléances des compagnons. Désormais, « les maistres seront tenus avertir les compagnons, et les compagnons les maistres respectivement, huict jours devant la fin de l’œuvre : afin qu’ils ayent le moyen et le loisir d’eulx pourvoir ailleurs ». Si le maître, pour cause urgente, suspend le travail en cours d’exécution, il sera obligé « bailler aux compagnons besogne