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LES CORRECTEURS A PARIS
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phiæ temporibus, libros exscriptos fuisse accuratissimæ, cum inspectio eorum doceat contrarium… Orti sunt… errores tam multi… ex defectu peritorum industriorumque correctorum, quos primis Typographiæ temporibus raros fuisse, imo rarissimos ;… permulti libri, quibus Tirocinia posuerunt primi Typographi, Tirones potius quam magistri… dicendi demonstrant. »

Il est sans doute aisé, la besogne, achevée, de reprocher au jardinier qui a péniblement défriché un inculte terrain les quelques mauvaises herbes que de multiples travaux ultérieurs ont fait apparaître ; il est moins facile certes d’exécuter soi-même une tâche plus ingrate et plus laborieuse que celle d’une critique dont le seul mérite parfois est d’examiner le champ cultivé.

Non point qu’il faille admettre aveuglément et comme article de foi… typographique l’impeccable correction de toutes les productions de l’imprimerie. Trop d’exemples sont là qui infirmeraient semblable suggestion. L’Université, l’autorité royale non plus que personne autre n’avaient la possibilité ou les moyens d’imposer en cette matière, comme autrefois pour les manuscrits, l’obligation de la perfection ; d’ailleurs, des édits, des règlements, des décisions appliqués scrupuleusement ici sont outrageusement violés en telle autre ville. Si la juridiction de l’Université pouvait, à Paris même, établir quelque limite, elle était impuissante à Lyon et ailleurs. Lorsque, pour enrayer la production des « livres corrompus et incorrects », les maîtres lyonnais « prirent à cœur de ne livrer que des éditions correctes[1] », l’histoire ne rapporte point que ceux de Marseille, de Bordeaux, de Toulouse et autres lieux s’engagèrent à imiter ce louable exemple. Il ne servirait en rien, au reste, de nier un mal qui exista de tout temps, mal qui ne provient point du fait seul du correcteur et auquel on peut appliquer cette pensée de Pope :

Whosoever thinks a faultless pièce yo see,
Thinks what ne’er was, not is, not e’er shall be[2] ;


mais, au dire de la plupart des savants de toutes les époques, la correction des ouvrages mis au jour dès les premiers temps de l’imprimerie

  1. Voir pages 61 et 456.
  2. Croire qu’on verra une œuvre exempte de fautes, c’est croire ce qui n’a jamais été, ce qui n’existe pas, ce qui ne sera jamais.