Page:Brou de Cuissart - L’anoblissement de la famille de Jeanne d’Arc, 1909.djvu/13

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Examinons maintenant, quels sont précisément ceux qui forment la « famille de Jeanne d’Arc », et qui jouissent du privilège spécial octroyé par Charles vii. Les termes de la Charte sont précis : « … nous avons anobli ladite Pucelle, Jacques d’Arc, dudit lieu de Domrémy et Isabeau, sa femme, ses père et mère, Jacquemin et Jean d’Arc et Pierre Pierrellot, ses frères et toute sa parenté et lignage, et, en contemplation d’icelle Jeanne, toute leur postérité mâle et femelle, née et à naître en légitime mariage… » Ce sont donc les fils et les filles des frères de la Pucelle et de ses parents collatéraux et les enfants de ceux-ci, des deux sexes, à perpétuité. Il n’y en a pas d’autres, le texte est formel ; les pères de ces enfants, devenus époux de femmes de la famille de Jeanne d’Arc, ne sont qu’alliés à cette famille et n’en faisant pas partie intégrante, ne peuvent figurer parmi ceux de cette famille qui jouissent, de par leur naissance, du privilège spécial octroyé par Charles vii ; aussi ne sont-ils pas mentionnés dans la Charte.

Cependant, comme il était choquant que les pères, dans le cas où ils seraient, avant leur mariage, de condition roturière, demeurassent non nobles, quand leurs enfants étaient nobles, il fut immédiatement admis que tout roturier épousant une femme de la race de Jeanne d’Arc serait anobli par son mariage et l’application de ce principe, sanctionné par le souverain, devint courante, on l’a vu ; mais c’est, là, tout, et il faut bien distinguer entre la noblesse du père et celle des enfants, dans ces conditions. Les enfants jouissent d’une noblesse transmise à eux, non par leur père, mais par leur mère, qui, d’après la volonté du Prince et les termes de la Charte, jouit des mêmes droits que si elle appartenait au sexe masculin et tient la même place que tiendrait leur père dans la lignée de Jeanne d’Arc, si c’était lui et non elle qui en fît partie. La race des enfants commence à Jacques d’Arc, père de la Pucelle, premier échelon noble et se continue par transmission naturelle soit par les femmes, soit par les hommes, sans distinction de sexe, pour arriver à eux, qui en sont le dernier échelon, absolument de la même façon que s’ils étaient descendus de lui de père en fils : « père » et « mère » sont, ici, identiques, puisque la mère est en possession des prérogatives mâles et joue le rôle du père dans la formation de la race ; ces enfants sont de la Famille de la Pucelle et cette famille est leur vraie, leur seule famille nobiliaire ; leur noblesse est celle de leur mère, la noblesse de Jeanne d’Arc et non celle de l’anobli, leur père, qui, lui, n’est pas de son sang ; cela est si vrai, que ce père, s’il se remariait à une femme étrangère à la famille de Jeanne d’Arc, ne pourrait communiquer à ses enfants du second lit que sa noblesse personnelle, la noblesse ordinaire,