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Page:Brown - Pages intimes 1914-1918.djvu/34

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LA PATRIE


La paix ! Tu l’as connue et tu l’auras encore
Dans la magnificence et la prospérité,
Mais la paix des longs jours, pour en revoir l’aurore,
Pour la reconquérir, il la faut mériter.

À quoi te servirait la paix dans l’esclavage ?
Une paix dont l’honneur acquitterait le prix ?
Sache souffrir encore et souffrir davantage
Sous tes cieux éternels, un instant assombris.

Ceins tes reins et refoule au fond de ta poitrine
Les soupirs arrachés à tes membres meurtris ;
La souffrance est sacrée, elle est une héroïne
Quand, au fort du péril, elle étouffe ses cris.

Plutôt que de gémir, songe à tes fils, en Flandre,
Qui d’une âme sereine affrontent le trépas,
Joyeux et fiers du sang versé pour te défendre ;
Sache hausser ton âme à celle des soldats.


8 décembre 1917.



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