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DIALOGUE

LA FOULE


Ô mon Dieu, que la route est de longueur mortelle
où vers la Délivrance il nous semble marcher,
où nos cœurs sont tendus éperdument vers Elle
Comme le nerf vibrant sous les doigts de l’archer !

Que d’émois alternants ! Certain soir on espère :
C’est le canon qui tonne et se fraie un chemin,
Et sous ses feux roulants on sent trembler la terre ;
On respire, on se dit : Ce sera pour demain !

Mais le soleil paraît, morne dans le silence ;
La voix tonnante hier est muette aujourd’hui ;
Un matin a suffi pour glacer l’espérance
Et plonger au néant le rêve de la nuit.

Ainsi l’heure succède à l’heure, et les années
Par trois fois ont déjà renouvelé leur cours ;
Avant que du printemps les fleurs ne soient fanées
N’aurons-nous pas revu la paix des anciens jours ?



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