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PRINTEMPS



Serait-ce déjà l’heure où les troncs et les graines,
où la terre en travail, les bourgeons entrouverts
Annoncent le réveil des forces souterraines
Et la création d’un nouvel univers ?

Est-ce toi, précurseur des ciels doux et bleuâtres,
Toi qui verses l’arôme et les chastes émois,
Qui ramènes aux champs les troupeaux et les pâtres
Et remplis de rumeurs le silence des bois ?

Comme autrefois sur un signe du divin Maître,
Les éléments vont s’apaiser à ton appel,
Les yeux vont se rouvrir, les infirmes renaître,
Les affligés s’éprendre à ton charme annuel ;

Tout un monde invisible, attendant ta venue,
Des entrailles du sol et du fond du sommeil
Va surgir, soulevé d’une fièvre inconnue,
Pâle encor du tombeau, frissonnant au soleil.



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