Page:Brown - Pages intimes 1914-1918.djvu/47

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C’est le crime d’État qu’il expie aux galères,
Parmi les assassins et parmi les voleurs,
Sans fatiguer ses murs d’inutiles colères,
Sans accuser le sort et sans verser de pleurs.

Ah ! sans doute il escompte une ample récompense
Pour s’être de l’honneur institué gardien ?
Peut-être couve-t-il quelque douce vengeance ?
Prêtre, soldat, dis-nous, dis-nous qui te soutient.

Quelle est la source vive où ton âme héroïne
A trempé son armure et puisé sa vertu ?
Comme aux pieds du Pontife, en prison Mamertine,
Un ange à ton appel serait-il descendu ?

Le Ciel s’ouvre aux captifs, écrivit le Psalmiste,
Et leur gémissement monte au Trône éternel ;
Pourquoi donc étouffer ta souffrance égoïste
Et ne pas sangloter dans le sein paternel ?

Martyr, révèle-nous le secret de ta force
Et du ravissement qu’en tes yeux j’aperçois
Voilé sous tes sourcils comme un fruit sous l’écorce...
Le prêtre a répondu : C’est l’amour de la Croix !


Die XX januarii 1918.
SS. Fabiani et Sebastiani Martyrum.



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