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LA BRABANÇONNE


Pourquoi cet air banal nous tire-t-il des larmes,
Et comment expliquer — prestigieux effet —
Que ce chant à la fois nous désole et nous charme,
Tel le fer qui guérit les blessures qu’il fait ?

Ah ! c’est qu’à ses accents tout un monde se dresse,
Un siècle presque entier se lève à ces accords,
Et dans l’hymne mêlé de joie et de tristesse
Nous entendons les voix des vivants et des morts.




Les morts parlent : « Jamais les temps que nous connûmes
« Ne reviendront pour vous ! Libres, insoucieux,
» Sous des princes amis des lois et des coutumes,
» Enviés des humains et protégés des cieux,
» Nous avions, peuple uni, paisible, humanitaire,
» Coulant des jours heureux trop vite révolus,
» Du travail de nos bras enrichissant la terre,
» Amassé des trésors que vous ne verrez plus.



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