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coups d’ailes


Le passé n’avait plus, à cette heure, de voiles :
Je voyais le Long-Sault, je voyais le fortin,
Et sous le ciel immense où veillaient les étoiles,
Le corps ensanglanté du jeune paladin.

Et je le vis monter, Là-Haut, avec les braves
Qui tous avaient juré de « tenir » près de lui.
Les anges leur jouaient des musiques suaves ;
Loin du fort renversé, le barbare avait fui.

Lorsque j’eus achevé la douce rêverie,
Je baisai cette page où la postérité
Avait, en lettres d’or, gravé le mot : Patrie !
Et refermai le livre avec plus de fierté.

Les mots s’étaient changés en rayons d’espérance ;
Je suivais le chemin qu’un autre avait tracé,
Et je reprenais foi, reprenant ma vaillance
Au sublime contact d’un héros du passé.