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Un peu au-dessus du poste belge de Libengué, nouveau chef-lieu de district de l’Oubangui et de l’embouchure de la Lobaï, se trouve le 1er rapide, celui de Zinga. Aux basses eaux, de janvier à fin mai, les vapeurs ne le franchissent pas et s’arrêtent à Botanga où sont construits des hangars provisoires. Il est probable qu’une étude sommaire du rapide et quelques kilos de mélinite permettraient de trouver et d’aménager une passe pour les bateaux de 0m,60 de tirant d’eau qui remonteraient alors toute l’année à Bangui ; actuellement il faut attendre à Botanga que le poste de Bangui, prévenu, puisse envoyer un convoi de pirogues. Les arrivées des vapeurs n’étant pas régulières, il faut ou envoyer recruter en pays Banziri, ce qui nécessite quinze à vingt jours, ou, escomptant l’arrivée d’un vapeur, faire recruter d’avance, et dans ce cas, si, pour une cause quelconque, le vapeur n’arrive pas à la date prévue, on s’expose à conserver 900 pagayeurs pendant quinze jours, comme lors de l’arrivée du capitaine Marchand, ou 500 pagayeurs pendant quarante jours comme au mois de mai de cette année. Il faut remarquer que le télégraphe n’existe au Congo que le long de la côte, entre Cap Lopez et Massabe, et, vers l’intérieur, de Loango à la Loubomo.

On ne peut en effet compter sur les villages Bouzérous situés entre Botanga et Bangui, car ils sont en révolte presque constante, et notamment depuis mai 1897, époque à laquelle les naturels ont repêché des caisses de cartouches perdues dans un chavirage, tué six miliciens et mangé pour le 14 juillet mon pauvre camarade Comte, administrateur de l’Oubangui, qui s’était noyé la veille en allant châtier le village de Yacoli. Jusqu’ici, faute de moyens, on n’a pu exercer de répression vigoureuse ; seules, des opérations de détail couronnées de succès ont été faites, et elles n’ont pu amener la soumission des Bouzérous. Aussi en mai 1898, les environs de Bangui étaient moins que sûrs, et souvent les Bouzérous tentaient, de nuit, d’incendier soit le poste, soit la mission de Saint-Paul des Rapides.

La première ligne de collines perpendiculaires au fleuve que l’on trouve, après les monts de Cristal qui sont en aval du Stanley-Pool, forment le rapide de Bangui. Jusque-là, on était dans le fond de l’ancienne mer congolaise.

Le massif montagneux, large d’une quarantaine de kilomètres, qui s’étend de Mokouangay à Bangui, force le fleuve à se rétrécir et à se frayer une route au milieu des roches de granulite qui émergent aux basses eaux en beaucoup de points, formant une série de seuils, de marches d’escaliers peu élevées, mais qui donnent au fleuve l’aspect d’un immense torrent.

À Bangui, la différence de niveau des eaux est de 6 à 7 mètres. Le maximum a lieu fin octobre ; l’étiage, de fin mars au commencement d’avril.

Entre Zongo et Bangui, la crête rocheuse a été coupée en trois