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du règne de Raoul, le mois d’avril de la 3e année tomberait en 926. Or, l’abbé Odon, qui est mentionné dans notre acte (ecclesie... Cluniacensis, quem venerabilis abba Odo ad regendum habere videtur), n’était pas encore abbé, puisque Bernon, son prédécesseur, n’est mort que le 13 janvier 927. Il faut donc admettre que les années sont comptées d’un autre point de départ, et pour que la troisième année réponde à 927, il faut que la première commence en 925[1].

No 359. (B. N. cop. 5-3 et A. o. 111.) Die sabato, iiii nonas febroarias, anno IIII regnante Radulfo rege. Le samedi 4 des nones de février ou 2 février donne E ou FE. Or, dans le calcul ordinaire l’an 4e serait 927 qui a pour lettre domin. G, tandis que 928 a FE. La première année est donc certainement 925.

Nous avons encore un acte qui prouve l’existence de ce point de départ de 925. C’est le no 418 (B. N. cop. 5-135), dont la date est ainsi conçue : Die jovis, kalendas maias, anno X regnante Radolfo rege. Jeudi 1er mai donne E. L’an 10e du règne de Raoul, pris de juillet 923, conduit au 1er mai 933, qui a F pour lettre domin. ; mais le 1er mai ne tombe un jeudi qu’en 934, 10e année à partir de 925. Ainsi ce point de départ n’est pas moins solidement établi que les précédents, et nous pouvons conclure qu’en Bourgogne le règne de Raoul se compte non seulement de la date de son couronnement, 13 juillet 923, mais encore du commencement des années 923, 924 et même 925.

Le roi Raoul mourut le 14 ou le 15 janvier 936, mais il n’eut pas immédiatement un successeur ; au contraire il y eut un interrègne d’un peu plus de cinq mois jusqu’au couronnement de Louis d’Outremer, qui eut lieu le 19 juin 936. Les traités de chronologie disent que l’on date, dans l’intervalle, de la mort de Raoul, Jésus-Christ régnant et dans l’attente d’un roi[2] ; on a même cité quelquefois les chartes de l’abbaye de Cluny ; mais il est bon d’en reproduire ici les dates d’une manière exacte.

No 443. (B. N. cop. 14-189.) Actum Cluniaco, regnante Domino nostro Jesu-Christo. 936, premiers mois[3].

  1. Ce système nous paraît préférable à celui que proposait M. Bernard, d’admettre une erreur de chiffre et de lire anno IIII, car nous avons affaire non à une copie, mais à un original.
  2. Art de vérifier les dates. Éd. 1783, in-fo t. II, p. 563 ; De Wailly, Élém. de paléographie, t. Ier, p. 358.
  3. Il faut remarquer que nous avons, sous le no 460, une charte du même per-