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tation, M. Bernard n’avait pas encore examiné toutes les chartes de Cluny ; tout en résumant son travail, nous aurons occasion de le compléter et de préciser la solution de ce problème historique.

Les chartes relatives à Charles, fils de Louis d’Outremer, sont au nombre de deux ; la première est une donation faite par un nommé Engelard à sa femme Neutelt.

No 857. (B. N. cop. 3-109.) La date est ainsi conçue ; Ego Bernardus scripsit et datavit die jovis, in mense oytuber, anno primo regnante Carlo rege. Nous avons daté cet acte de 953, 27 (?) octobre, car la date se trouve déterminée par celle de l’acte suivant qui est du 28 octobre 953. Les biens donnés se trouvant, en effet, partie en Mâconnais, partie en Lyonnais, le donateur crut devoir faire rédiger deux actes différents, dont l’un était placé sous l’invocation du souverain qui régnait dans la Bourgogne française, l’autre au nom de celui qui gouvernait la Bourgogne provençale, savoir Conrad le Pacifique (voy. no 858).

Le second acte est ainsi daté : No 875. (B. N. or. 29.) Rotardus, levita et monacus, scripsit vi nonas marci, die jovis, Cluniaco publice, regnante Karolo rege. 954, 2 mars. C’est une donation faite à Cluny par un certain Rodingus, d’une église de Notre-Dame et de ses dépendances dans la villa de Salencé, au lieu dit Verrières. Cette donation ayant été faite du temps de l’abbé Aimard, 942-954, le problème consistait à trouver un roi du nom de Charles pendant cette période. Or, il ne peut y en avoir d’autre que Charles, fils de Louis d’Outremer. M. Bernard concluait de là que Louis d’Outremer avait conféré à son second fils le titre de roi dans la portion de la Bourgogne qui ressortissait à sa couronne, c’est-à-dire dans le duché que les rois de France avaient repris aux successeurs de Boson.

Il appuyait cette conjecture sur les considérations suivantes :

1o L’empressement de Lothaire à recevoir le serment des seigneurs de Bourgogne aussitôt après la mort de son père, à l’instigation de Hugues le Blanc, qui craignait de perdre son influence comme duc, si l’on continuait à reconnaître un roi particulier de ce pays ; 2o l’existence de chartes de Cluny des premières années du règne de Lothaire, où le règne ne part que de 955, c’est-à-dire de l’époque où le jeune Charles dut être évincé de la couronne[1] ; 3o les conférences que Brunon, archevêque de Cologne,

  1. Les chartes dont le point de départ est 956, et même 957, sont bien posté-