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les spectres des étoiles

un gaz. Il en résulte en particulier que la matière qui constitue la partie centrale de l’étoile possède pour les rayonnements lumineux une absorption assez forte, quelle que soit leur longueur d’onde : en vertu de la règle de Kirchhoff (p. 47), le spectre qu’elle émet est un spectre continu.

Dans une étoile telle que le Soleil, le calcul montre qu’il existe une certaine couche ABC (fig. 12) de quelques centaines de kilomètres d’épaisseur, c’est-à-dire très mince par rapport au rayon de l’étoile, à la traversée de laquelle la pression croît rapidement d’une valeur très faible, de l’ordre du centième d’atmosphère, à une valeur très forte, de l’ordre d’une centaine d’atmosphères. Cette couche joue, à l’échelle de nos observations, le rôle d’une véritable surface de discontinuité, la photosphère : c’est de cette couche que provient le rayonnement que nous recevons de l’étoile, et ce rayonnement est celui d’un corps parfaitement absorbant à la température de la photosphère.

En dehors de la photosphère, il existe une atmosphère gazeuse à très basse pression, qu’on appelle la chromosphère. Les rayons lumineux, tels que CC0, que nous recevons ont dû la traverser en CC′ et y subir l’absorption caractéristique des gaz à basse pression qui constituent l’atmosphère stellaire : c’est ainsi que se produisent les raies noires (raies de Fraunhofer) qui sillonnent le spectre continu du Soleil et des étoiles.

Raies d’émission dans les spectres stellaires. — Suivant la règle de Kirchhoff, la chromosphère émet en même temps les radiations qu’elle absorbe : c’est parce qu’elle est à une température plus basse que la photosphère que les radiations qu’elle émet ont une intensité moins grande que les radiations photosphériques qu’elle a absorbées, et que son existence se traduit par la production de raies noires. Mais lorsqu’on examine un rayon tel que DD′ (fig. 12), qui provient entièrement de l’atmosphère stellaire, on n’observe plus que les radiations émises par cette atmosphère. L’observation séparée d’un tel rayon peut effectivement être faite dans le cas du Soleil : l’expérience montre que son spectre est bien un spectre de raies brillantes, et que ces raies brillantes occupent bien la même position que les raies noires du spectre du disque.