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Page:Bruhat - Les Étoiles, 1939.djvu/75

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les spectres des étoiles

violette et ultra-violette du spectre. En même temps, elle rend possible l’existence, dans l’atmosphère stellaire, de molécules qui étaient entièrement dissociées dans les étoiles des classes précédentes : à partir de K5, on commence à apercevoir très faiblement les bandes de l’oxyde de titane caractéristiques de la classe M.

Il ne faut d’ailleurs pas oublier que la classification spectrale des étoiles repose plus sur l’aspect d’ensemble des spectres que sur des caractéristiques bien définies. On a cherché de différents côtés à préciser la classification en la faisant dépendre du rapport d’intensité de deux raies convenablement choisies, par exemple la raie 4 227 du calcium et la raie Hγ. Mais les étoiles des classes G, K, M contiennent des géantes et des naines, et cette méthode ne peut conduire à des résultats satisfaisants que si le rapport des intensités des raies choisies est le même dans les naines et les géantes (cf. p. 88). Il semble que l’on ait pu trouver plusieurs couples de raies pour lesquels cette condition est approximativement réalisée, et qui conduisent à des classifications concordantes ; des écarts de 2 ou 3 divisions apparaissent pourtant encore entre les divisions décimales de chaque classe faites par des observatoires différents.

Étoiles M. — Les étoiles M, ou étoiles à oxyde de titane, comprennent des étoiles naines de faible luminosité et des étoiles géantes, comme Bételgeuse (α Orionis, type M0) et Antarès (α Scorpii, type M0), qui sont au contraire parmi les plus brillantes du Ciel. Leur spectre est caractérisé par la présence dans le bleu et le vert des bandes de l’oxyde de titane TiO, de sorte qu’il apparaît, avec les dispersions assez faibles utilisées en spectrographie stellaire, comme sillonné de cannelures alternativement sombres et brillantes : les bandes d’absorption sont formées par les cannelures sombres, et sont dégradées vers le rouge ; les longueurs d’onde des arêtes des bandes les plus importantes sont 4 762, 4 954, 5 168 et 5 445 angströms.

Le fait que Ti O n’est plus dissocié indique que la température est plus basse que dans les étoiles des classes précédentes ; aussi la partie ultra-violette du spectre et même l’extrémité violette du spectre visible sont-elles très affaiblies, de sorte qu’on