ACTE I. 251
pleure, tout gémit; mais dans cette affliction générale, croyez-moi, je souffre comme vous, & plus que vous, les malheurs publics retombent sur votre Roi; Oedipe seul en porte tout le faix: j’ai vos maux, ceux de mon peuple, & les miens à supporter. '*' Ma prudence, vous le savez, ne s’endort point sur ce qui vous touche, vos cris ne l’ont pas réveillée. Témoins de mes larmes & de mes inquiétudes, vous n’ignorez pas combien j’ai tenté de voies pour vous soulager. Il restoit un remède, je ne l’ai pas négligé, † Créon mon beau-frère est allé par mon ordre au Temple de Delphes. Il doit apprendre du Dieu comment je puis procurer le salut de mon peuple. Je compte les momens. Hélas ! il ne revient point. Funeste délai ! cruelle inquiétude I il a déjà passé le temps espéré du retour. Mais quand il sera revenu, regardez-moi comme le dernier des humains, si je n’exécute de point en point les ordres d’Apollon.
'*' Il me semble que c’est là le sens fin de Sophocle, & qu’il a échappé à M. Dacier qui s’ est contenté de traduire, Ne croyez pas que vos cris m'ayent éveillé. M. Orsatto a suivi le sens que je donne.
† Grec, Fils de Ménécée,
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