Page:Brumoy - Le Théâtre des Grecs (1763) - Tome 1.djvu/342

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318 ŒDIPE.


Jocaste

Ne vous lavois-je pas prédit, Seigneur ?

œdipe

11 est vrai, Madame: mais quoi ? Mes frayeurs l’emportoient sur vos conseils.

Jocaste

Ne laissez donc plus tyranniser votre esprit par ces craintes frivoles.

œdipe

Ne dois-je pas encore appréhender de fouiller la couche d’une mère ?

Jocaste

Que peut-on craindre quand on est guidé comme vous par une heureuse fortune ? croyez-moi, trop de prudence nuit. Le plus sur est de s’abandonner au hazard des événemens, & de jouir de la vie. Y a-t-il pour vous le moindre fondemens- de craindre un inceste ? croyez-moi, n’y ayez pas plus d’égard qu’à un songe vain. Pour vivre heureux on doit négliger ces frivoles superstitions.

œdipe

J’approuverois votre pensée, Madame, si ma mère ne jouissoit plus de la lumière, mais tant qu’elle respirera, j’ai sujet de craindre, & je craindrai toujours.