Page:Brumoy - Le Théâtre des Grecs (1763) - Tome 1.djvu/381

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ACTE V. 357

Laïus & Jocaste avoient marqué dès ma naissance pour être mon tombeau. Souffrez que j’accomplisse leur volonté & mon sort, que je meure dans les lieux où ils ordonnèrent que je finirois mes jours à peine commencés. Je sçai trop que ni la maladie ni aucun autre accident ne terminera cette vie infortunée. • Je n’ai été dérobé au trépas que pour être réservé à des maux plus affreux que la mort. Hé-bien, je m’abandonne à ma destinée, & je l’accomplirai. Mais hélas, je suis père. Je ne vous recommande point mes fils. Leur âge & leur valeur seront leur ressource en quelque lieu du monde qu’ils se trouvent. Mais je laisse de tristes filles dont l’enfance réveille ma tendresse & ma pitié. Élevées avec tant de soins sous mes yeux, † nourries


• Voyez Oedipe à Colone.

↑ Le Grec dit mot à mot, elles n’ont jamais mangé qu’à ma table, &je ne touchais aucun mets dont je ne leur fisse part. M. Dacier met en général. Mais pour mes filles, pour ces pauvres malheureuses qui ont été élevées avec tant de soin, & tant de tendresse, & qui sont accoutumées a goûter toutes les douceurs que peut donner l’éclat d’une haute naissance, &c. J’ai cru devoir exprimer plus particulièrement le détail où entre un père du vieux tems. C'est un retour de tendresse.