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Page:Bruneau - Musiques d’hier et de demain, 1900.djvu/108

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MUSIQUES D’HIER ET DE DEMAIN

sens usuel du mot, qu’une fantaisie lyrique, très libre de forme, en ce qui touche à l’agencement sommaire de ses scènes et aux rares péripéties de ses quatre tableaux.

Dans cette fantaisie qui — je prie qu’on le remarque — n’appartient pas plus au genre de l’oratorio qu’au genre de l’opéra, le surnaturel joue un rôle fort important. On peut même dire que, d’un bout à l’autre du poème, l’action lui est soumise et qu’il domine les caractères des principaux personnages. Ne demandons donc pas à l’action une logique qu’elle ne saurait avoir, aux caractères une vérité qui est incompatible avec l’esprit de l’œuvre. Tâchons de suivre impartialement les auteurs sur le terrain où il leur a plu de marcher et ne leur imposons aucune esthétique particulière, aucune préférence personnelle. Voyons seulement si, en ce qu’ils voulurent faire, ils ont réussi.

Un prologue de frappante brièveté, de sombre et franche couleur fantastique, nous montre d’abord, sur une falaise bretonne, un moine courbé sous l’anathème des voix justicières. Éperdu, il s’accuse du crime de luxure et, pour fuir la clameur grandissante de son remords, va se jeter dans l’abîme lorsque, du ciel, tombe la parole d’espérance. Deux purs amants rachèteront les deux, âmes impures. En un cloître aban-