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MUSIQUES D’HIER ET DE DEMAIN

ample et sonore. Liberté du dialogue s’établissant, se développant sans contrainte ni gêne d’aucune sorte sur la trame instrumentale, faisant corps avec elle ; liberté de la symphonie jamais interrompue, chantant, grondant, s’apaisant selon la fantaisie du musicien, selon les nécessités du drame ; liberté de l’expression — celle-là plus précieuse encore que les autres — offerte par la justesse du terme, par la précision du mot ; liberté illimitée de la mélodie infinie courant alerte, grave, superbe, tendre ou puissante, joyeuse à coup sûr de pouvoir échapper à l’emprisonnement de la cadence et de la rime ; liberté de la phrase, liberté de l’inspiration, liberté d’art, liberté de formes, liberté complète, magnifique et définitive.

Ces libertés, il n’est pas un compositeur, pas un, entendez bien, qui n’ait essayé de les conquérir. Ouvrez une partition célèbre, n’importe laquelle, et cherchez dans le poème imprimé à part les passages correspondants. Vous constaterez, en plus d’un cas, que, par les mains du musicien, les vers sont devenus de la prose. Mots déplacés, répétés, supprimés ou ajoutés abolissent souvent cadence et rime, et l’on cite, avec un sourire qui devrait être un compliment, le bel exemple d’indépendance donné par un maître illustre qui a fait chanter au personnage prin-