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Page:Bruneau - Musiques d’hier et de demain, 1900.djvu/117

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VERS OU PROSE

cipal d’une de ses œuvres, sans que le public y trouvât rien à redire, la description d’un décor, l’indication d’un jeu de scène. Et si le témoignage peu suspect de l’auteur de Faust pouvait fournir un argument en faveur de mes idées, je rappellerais que, dans la préface de George Dandin, Charles Gounod, soutenant une thèse pareille à la mienne, a écrit que « la variété infinie des périodes en prose ouvre devant le musicien un horizon tout neuf qui le délivre de la monotonie et de l’uniformité, qu’avec le vers — espèce de dada qui, une fois parti, emmène le compositeur, lequel se laisse conduire nonchalamment et finit par s’endormir dans une négligence déplorable — le musicien devient en quelque sorte l’esclave du dialogue au lieu d’en rester le maître, et que la vérité de l’expression disparaît sous l’entraînement banal et irréfléchi de la routine ; que la prose, au contraire, est une mine féconde, inépuisable de variété dans l’intonation chantée ou déclamée, dans la durée et dans l’intensité de l’accent, dans la proportion et le développement de la période… » Et je doublerai peut-être l’étonnement de ceux qui me lisent en leur apprenant que Berlioz professait les mêmes opinions et a fait plus d’une fois, dans le Journal des Débats, des déclarations analogues. De ce que la prose de Molière, nulle-