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LE DRAME LYRIQUE FRANÇAIS

Richard Wagner. Hué, bafoué d’abord, traité en son pays comme ailleurs de fou furieux, de révolutionnaire impuissant, de mauvais poète et de médiocre musicien, le sublime réformateur qui, comme on le sait, était doublé d’un ardent polémiste, imposa peu à peu ses volontés par la théorie et la pratique, et acclamé, divinisé enfin, adoré à l’égal d’un Homère et d’un Beethoven, de la scène du théâtre-temple de Bayreuth, il cria au peuple allemand qui, après l’avoir insulté et méconnu, se prosternait devant lui, les fières paroles que chacun devrait retenir et méditer : « Maintenant, vous avez un art ».

En effet, si cet art, par sa splendeur, sa noblesse, son éloquence, son humanité est universel, par son esprit même il reste absolument national, et c’est ce qui fait toute sa force. Franchissant les frontières, bouleversant le monde, troublant du nord au midi les âmes les plus dissemblables, évangélisant aux quatre coins de la terre, le rédempteur providentiel Richard Wagner n’en demeura pas moins allemand, et aussi bien dans l’essence de ses ouvrages que dans leur forme, il témoigna de sa fidélité à la race germanique. Issu du conte populaire, son œuvre est allemand, foncièrement allemand, de philosophie et de physionomie, de conception et d’exécution. En l’édifiant, il écrivait