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Page:Bruneau - Musiques d’hier et de demain, 1900.djvu/128

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MUSIQUES D’HIER ET DE DEMAIN

Moulin, Messidor, drames point légendaires, mais bien contemporains, très français d’action et de sentiments, j’ai eu la constante et ferme volonté, chantant la douceur de l’amour mystique, l’abomination des injustes guerres, la nécessité du glorieux travail, de faire acte de Français, et je suis fier d’avoir été aidé dans cette tâche et de l’être encore par le maître de notre littérature, par mon cher et grand ami Émile Zola, qui n’est pas seulement pour moi un collaborateur, mais bien un véritable inspirateur.

Tout le monde le sait : Messidor a soulevé des polémiques et des querelles terribles. Quoi donc ! On déclamerait sur la scène de l’Opéra, où tant de livrets en vilains vers de mirlitons jouissent de l’impunité, un poème en belle prose simple, vigoureuse, cadencée, musicale ? Ce poème clair, émouvant, logique, de consolante et sereine philosophie, glorifiant notre terre de France dans ce qu’elle a de plus magnifique : sa fécondité rédemptrice, son blé sauveur, dispensateur de la vie et de la joie, ce poème, d’essence nationale pour ainsi dire, n’aurait point été tiré d’un roman de chevalerie ou d’histoire par quelque professionnel patenté ? Mais son succès serait la ruine d’une industrie. Aussi quel émoi dans le camp des librettistes. Tous écrivent aux journaux des protestations indignées et comiques.