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LE DRAME LYRIQUE FRANÇAIS

Celui-ci, dans son trouble furieux, pour protéger ses intérêts, invoque « la Sainte Routine ». — Je n’invente rien. — Celui-là, qui met plus d’esprit dans ses lettres que dans ses pièces, plaisante agréablement. Un seul, en ce gai concert d’imprécations, fait entendre une parole raisonnable en affirmant que les vers plats sont moins rares que la bonne prose lyrique. Il est vrai que Louis Gallet resta un loyal artiste, avec qui je m’honore d’avoir collaboré.

Les compositeurs, wagnériens militants, ont aussi de l’inquiétude, non pas à cause de mon humble musique, incapable certes de leur donner le moindre ombrage, mais en raison du caractère très net de la tentative. Tout de même, si cela réussissait en France, cette manifestation française, ce serait la fin lamentable des pastiches étrangers, et il faudrait bien alors faire acte personnel et créateur, ce qui est la chose vraiment difficile et scabreuse.

Or, je suis obligé de le dire, cette manifestation est la conséquence naturelle, fatale, parfaitement logique de l’évolution dont personne ne nie plus le triomphe. Puisque les formules de l’opéra sont brisées, puisque l’air, le récitatif, le couplet sont abolis, laissant la place au drame musical, aux scènes chantées sur le commentaire