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Page:Bruneau - Musiques d’hier et de demain, 1900.djvu/130

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MUSIQUES D’HIER ET DE DEMAIN

continu de l’orchestre, l’heure arrive d’accepter la liberté complète et définitive qu’apporte le poème en prose désemprisonnant tout : le dialogue, la mélodie, la symphonie, l’expression, l’inspiration, faisant enfin tout s’épanouir dans la pleine indépendance que l’art réclame pour grandir et vaincre.

D’autre part, rien n’est aussi contraire à la modernité que le recul en les brouillards de la légende ; rien n’est aussi opposé à l’esprit de notre race que la conception du bonheur dans la mort. Nous sommes des gens qui persistons à aimer le soleil, la vie pour ce qu’ils ont de bon, de réchauffant, de fécondant, et nous croyons encore à la joie, à la beauté ici-bas. Si les religions s’effondrent, gardons au moins en nos cœurs quelque culte qui nous donne confiance pour marcher résolument vers l’avenir. Vienne donc, afin que l’on s’incline devant lui, le compositeur français qui, profitant des dernières conquêtes de la musique, ayant le noble désir d’y ajouter les siennes, se souviendra des paroles de Richard Wagner et s’écriera en édifiant l’œuvre attendu : « Oh ! ma patrie française, combien je dois t’aimer, combien je dois m’exalter pour toi ! Combien je dois aimer le peuple français qui, aujourd’hui encore, croit au merveilleux du soleil et de la vie, qui, aujourd’hui encore, en sa virilité, éprouve,