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Page:Bruneau - Musiques d’hier et de demain, 1900.djvu/143

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LE VAISSEAU FANTÔME

norvégienne, un navire aborde dont les matelots travaillent avec des cris d’appel à carguer les voiles. Son capitaine, après avoir reconnu la côte et maudit le mauvais temps, envoie l’équipage se reposer et va dormir lui-même, laissant le bateau sous la garde du pilote, qui chante un refrain gai comme le bon accueil au retour, mélancolique comme l’adieu au départ, et qui, bercé par les vagues, se laisse aller aussi au sommeil. Et voilà que, de loin, glisse sur les eaux encore agitées, l’effrayant son de trompe par lequel s’annonce le Hollandais volant et qui fait fuir les barques et glace de terreur les hommes. La rauque sonnerie qu’apporte le vent va grandir et, en un clin d’œil, le vaisseau fantôme, noir, aux voiles couleur de sang, sera là, dans le havre où son ancre tombera avec un horrible bruit. Le terme est échu pour l’errant. Toutes les sept années la mer le jette à terre un jour et, chaque fois, son désespoir est plus affreux de ne point trouver la rédemptrice. Daland, l’autre capitaine, a une fille. En échange des trésors que lui offre le Hollandais, il donnera Senta au mystérieux voyageur et, tandis que les marins répètent comme un hurrah ! le refrain du pilote, les deux navires s’éloignent ensemble vers le pays de miséricorde.

Les entr’actes contrariant la hâte de l’auteur,