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MUSIQUES D’HIER ET DE DEMAIN

ne rabaisse point les Don Juan, les Fidelio, les Iphigénie et tant d’autres en souhaitant le rajeunissement d’un art qui doit à ces chefs-d’œuvre son impérissable gloire. Après Gluck, Mozart, Beethoven, Wagner, des novateurs viendront qui, respectueux des traditions du passé et désireux des conquêtes de l’avenir, élargiront encore le champ d’action du drame musical. Tout se transformera en la fatalité des choses, et nul ne pourra jamais arrêter la marche envahissante du progrès et du temps.

Mais j’ai hâte d’aborder un point des plus graves, fertile en malentendus de tous genres.

Si le drame lyrique, par sa clarté, sa richesse d’expression, sa logique, sa liberté d’allures, son organisme même, s’applique avec une souplesse merveilleuse aux tempéraments des peuples les plus divers, l’œuvre wagnérien, par la longueur de ses développements, la philosophie abstraite de ses mythes et de ses symboles, par son idéalisme très spécial est d’une essence purement germanique.

En donnant à l’art de son pays un si magnifique épanouissement, en restant toujours si exclusivement allemand, Richard Wagner nous a tracé une route dont nous ne devons point nous écarter, et il nous a montré que l’esprit de race, l’amour du sol étaient les vrais et seuls