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MUSIQUES D’HIER ET DE DEMAIN

mérites wagnériens de l’ouvrage, constate, entre autres choses, que le titre d’action musicale donné à Fervaal est, en partie, la traduction de « handlung » qui se trouve être aussi celui par lequel Wagner désigne Tristan et les drames de la Tétralogie. Étiquette particulièrement significative, paraît-il. Du reste, à chaque page de sa partition, aussi bien par des détails de mise en scène — faut-il citer le rideau qui s’ouvre et se ferme ? — que par le choix des motifs et leurs développements, l’auteur affirme ses tendances avec une netteté, une crânerie d’allures qui ne sont certes pas pour déplaire.

La manifestation, curieuse assurément, va-t-elle donc wagnériser de façon définitive notre théâtre lyrique ? À vrai dire, je ne le pense pas et j’espère bien qu’il n’en sera rien.

Que M. Vincent d’Indy, qui a beaucoup de talent, qui connaît son métier comme pas un et qui désire tirer parti du snobisme contemporain, s’attarde à suivre un courant au lieu de le remonter et, par cela même, amoindrisse, de gaieté de cœur, l’effort considérable qu’il a fait, cela n’empêche pas Fervaal, je l’affirme, d’être un ouvrage toujours des plus intéressants, parfois des plus remarquables, digne à coup sûr des discussions qu’il provoque. Et si je regrette de voir un artiste prendre l’avis des foules et s’in-