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FERVAAL

accompli, barre le chemin maintenant à l’innovation et, chose plus regrettable encore, est le dangereux mirage qui trouble les esprits travailleurs et les perd.

Ce qui m’étonne et ce qui m’inquiète — je le dis avec une entière franchise — c’est que M. d’Indy, pour composer Fervaal, qu’il considère certainement comme une sorte de manifeste dramatique, au lieu d’avoir pris la route de l’inexploré, de l’imprévu, ait volontairement dirigé ses pas vers les jardins wagnériens aux portes depuis longtemps ouvertes ou enfoncées, jardins immenses, il est vrai, et qui pourtant nous sont déjà familiers à cette heure, tant nous les avons parcourus de fois, jardins de magnificence et d’exception dont les plates-bandes si superbement fleuries furent piétinées, saccagées par les foules toujours recommençantes. Car la perfection de l’écriture n’exclut pas la soumission des idées et du style et, sur ce point, l’équivoque est impossible. M. d’Indy, très sciemment, très volontairement, je le répète, a fait, par son poème et par sa musique, une œuvre wagnérienne, essentiellement wagnérienne. Il n’a pas désavoué, à cet égard, un de ses plus fidèles biographes, M. Étienne Destranges, qui, dans une intéressante brochure, attache à ceci l’importance d’un acte de foi et qui, énumérant les