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MUSIQUES D’HIER ET DE DEMAIN

taisie sans doute que n’en a dépensé le vieux maître, mais qui amuse par son continuel mouvement et qui, en plus d’un endroit, émeut par quelques accents de profonde simplicité. Les thèmes, nombreux, sont adroitement rappelés de page en page. Certains, de grâce séduisante, se développent aisément aux voix ; d’autres, allègres, courent dans l’orchestre avec une indéniable désinvolture, tel celui du réveillon dont les quintes et les octaves prohibées ont des airs de se moquer du monde qui me ravissent. M. Puccini affectionne d’ailleurs les suites de quintes et, au début du troisième acte, il obtient, grâce à elles, un effet de frisson matinal fort curieux. Mais il n’y a pas que des jeux de timbres, des roueries mélodiques dans la partition de la Vie de bohème. Çà et là se traduit une sensibilité à laquelle nous devons la jolie rencontre de Rodolphe et de Mimi au premier tableau, la tragique séparation des amants et la scène finale de la mort, d’une vérité, d’une sincérité d’expression qui ont fait couler bien des larmes, d’une mélancolie poignante qui a remué bien des cœurs. Petite œuvre évidemment ; œuvre assez typique cependant pour être retenue.