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Page:Bruneau - Musiques d’hier et de demain, 1900.djvu/195

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L’« ÉMINEMMENT FRANÇAIS »

FOpéra-Comique la première comédie musicale. La transformation, cette fois, est considérable. Plus de texte parlé, plus d’actes divisés en airs, couplets ou morceaux ; l’unité enfin obtenue, en réponse à l’objection si juste de Théophile Gautier ; la liberté conquise.

Et c’est encore sur le terrain « éminemment français » qu’il faut se placer pour souhaiter le glorieux triomphe de la campagne qui commence. On a vu qu’en dépit des plaisanteries, des critiques déjà vieilles, le genre restait vivace puisqu’il a pu se renouveler à l’inspiration toujours changeante des hommes. Il ne s’affaiblira, ne mourra que s’il s’immobilise, ce qu’il n’a jamais fait, ou s’il cesse de progresser, d’évoluer dans le sens « éminemment français », ce qui lui a valu tant de railleries et aussi tant de sympathies fidèles. Or, ces deux dangers le menacent actuellement. Le retour aux anciennes formules lui serait non moins funeste que le dédain des traditions nationales et, pour lui, le péril s’augmente, se complique de ce qu’en s’élargissant il a empiété sur le domaine de l’opéra et s’est précipité vers l’inconnu, vers l’aventure. Devraiit-il rejeter aujourd’hui le Déserteur modernisé ? Certes non, et, par conséquent, il est indéniable que tout drame lyrique de demi-caractère, toute comédie musi-