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MUSIQUES D’HIER ET DE DEMAIN

traînants qui, ô surprise ! émerveilleront Richard Wagner ; Félicien David, avec Lalla-Roukh, rapporte de l’Orient des impressions de voyage très inattendues, qu’après lui d’autres utiliseront ; Gounod, avec Mireille, chantant la nature et l’amour, crée un langage de charme et de passion dont ses successeurs sauront se servir : Georges Bizet, avec Carmen, ouvre définitivement la porte, maintes fois refermée, à la vie, au réalisme, à la plus frémissante humanité, et M. Massenet, avec Manon, sans oser supprimer encore le « dialogue » et renonçant à interrompre la symphonie, use d’un moyen opportuniste qui autorise les prochaines et complètes audaces.

Voulant me tenir sur le terrain « éminemment français », je me suis abstenu de citer trois compositeurs étrangers qui, à des titres fort divers, ont pris part à cette marche en avant. C’est Meyerbeer qui, avec l’Étoile du Nord, ajoute la somptuosité bruyante de l’instrumentation à l’éclat du spectacle ; c’est Rossini qui, avec le Barbier de Séville, semble avoir inventé le mouvement et la joie, et c’est Verdi qui, avec Falstaff, s’inspirant des Maîtres Chanteurs, sans s’abaisser à aucune imitation et demeurant fidèle au génie de sa race, fait jouer sur la scène de