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Page:Bruneau - Musiques d’hier et de demain, 1900.djvu/204

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MUSIQUES D’HIER ET DE DEMAIN

total, extraordinaire et parfaitement déplorable. Il me semble d’abord que nul ne devrait tenir compte, en matière d’art et à propos d’une œuvre comme celle-là, de la crainte des mauvaises recettes, crainte si souvent chimérique d’ailleurs ; quant à l’opinion en question, que certaines personnes, en petit nombre heureusement, émettent encore, la voici : Beethoven, colossal et stupéfiant génie, n’était pas « homme de théâtre ».

Pas homme de théâtre, grand Dieu ! le poète dramatique des Symphonies, des Sonates, des derniers Quatuors, de la Messe en … et du reste ! Mais, pour penser cela, quelle basse idée a-t-on donc, musicalement parlant, de l’homme de théâtre, et sa fonction serait-elle assez mal jugée pour que l’on crût un Beethoven incapable de la remplir ? Evidemment, si, sous le prétexte que l’homme de théâtre s’adresse à des foules simplistes, sa besogne se réduit à écrire aussi rapidement, aussi négligemment que possible, en vue de l’effet direct, du succès immédiat, du gros gain, des morceaux d’expression nulle, banale ou superficielle, Beethoven n’était pas homme de théâtre et son seul opéra, opposé à tant d’opéras de ceux que l’on appelle couramment des hommes de théâtre, n’est pas un ouvrage de théâtre. Mais si l’homme de théâtre,