Page:Bruneau - Musiques d’hier et de demain, 1900.djvu/206

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
196
MUSIQUES D’HIER ET DE DEMAIN

penté, très exagérément noir et triste, offrait cependant au génie du compositeur des situations tragiques, des caractères divers, la gamme assez complète des sentiments éternels. Par vengeance, Pizarre, le gouverneur d’une forteresse, a emprisonné un innocent, Florestan, dont la femme, Léonore, sous des habits de jeune garçon et afin de se rapprocher de lui, fait accepter ses services au geôlier Rocco. Marceline, la fille de ce geôlier, délaisse son fiancé, le guichetier Jaquino, pour aimer l’inconnu ou plutôt celui qui dit s’appeler Fidelio. Le gouverneur se décide à tuer son prisonnier et donne l’ordre à Rocco de creuser une tombe dans le cachot où est enfermé Florestan. Fidelio l’aide en cette funèbre besogne, et quand Pizarre s’approche, le poignard à la main, l’épouse, armant un pistolet, se met en devoir de défendre l’époux. Mais une trompette sonne au loin, annonçant l’arrivée du ministre. Florestan est sauvé, à la joie générale et au grand trouble de Marceline qui, s’apercevant que Fidelio est une femme, revient à son fiancé.

Beethoven a splendidement développé ce thème. Chacun des personnages qu’il a créés parle une langue musicale différente qui, cependant, concourt à un ensemble de merveilleuse unité. Le style, de grâce familière, de charme