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L’ABBÉ PEROSI

romaines, vénitiennes ou autres à l’auteur de ces oratorios, musicien de vingt-cinq ans, nommé, grâce à un prodigieux coup de fortune, directeur de la chapelle Sixtine, et j’avais lu, dans les journaux de la Péninsule, des articles dont le ton dithyrambique dépassait tout ce qu’il est possible d’imaginer. Naturellement je m’élais procuré les partitions les plus vantées : la Passion, la Transfiguration du Christ, la Résurrection de Lazare, des messes et des psaumes, et je n’y avais point trouvé les qualités créatrices que j’attendais. Sans doute la musique purement d’église me frappa-t-elle par son caractère liturgique, son austérité, sa nécessaire impersonnalité, le compositeur y affirmant des tendances réformatrices du chant religieux, tendances basées sur l’absolu respect des traditions grégoriennes, et il me plut d’y reconnaître l’influence directe de Palestrina. Mais les oratorios, qui, en Italie, éclipsent complètement les motets et les messes, me causèrent une violente déception. Il me sembla que Bach, Hændel, Carissimi, Gounod même, y régnaient de façon un peu trop despotique et, bien qu’appréciant l’excellente écriture vocale et instrumentale de certaines pages adroitement contrepointées, je gardai une inquiétude et réservai mon jugement.

Sur ces entrefaites, don Lorenzo Perosi vint à