Page:Bruneau - Musiques d’hier et de demain, 1900.djvu/234

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
224
MUSIQUES D’HIER ET DE DEMAIN

couloirs, dans les loges, l’extase devient du délire, chacun commentant les symboles, les thèmes et le reste en un cri de furieux et mystique enthousiasme.

Ceci admis, on s’aperçoit qu’il faudrait, pour imposer un nouvel ouvrage français à l’Opéra, dépenser autant d’efforts qu’il en fut fait, il y quelques années, pour y imposer les ouvrages allemands. Qui donc oserait demander cela ? Jusqu’à présent, les drames de Wagner ont assuré sans péril à ceux qui les exploitaient un gain qui n’eût été réalisé, avec d’autres drames, qu’à l’aide de beaucoup de crânerie combative, d’une sérieuse persévérance dans l’entêtement, d’une sereine confiance dans le succès final, d’une grande prévoyance dans l’avenir, d’une façon d’amour-propre. Car — on est obligé de le reconnaître et de le déplorer — pas une seule des œuvres que l’Académie nationale de musique a jouées sans qu’elles aient passé d’abord par une autre scène n’a été, depuis que le monument est bâti, maintenue, au répertoire, L’honneur d’avoir monté Faust, de Gounod, reste au Théâtre-Lyrique ; l’honneur d’avoir monté Sigurd, de M. Reyer, reste au théâtre de la Monnaie de Bruxelles, et l’honneur d’avoir monté Samson et Dalila, de M. Saint-Saëns, reste au théâtre de Weimar. (Je cite là les trois grandes partitions