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Page:Bruneau - Musiques d’hier et de demain, 1900.djvu/242

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MUSIQUES D’HIER ET DE DEMAIN

et, dès que sonne la cloche, l’enfant se sauve.

Dans sa hâte, elle a perdu son talisman, la petite pantoufle de vair. La Fée, sa marraine, le lui pardonner a-t-elle ? Le retour de la famille est orageux. On cause de l’aventure de tout à l’heure et, pour avoir essayé d’en défendre l’héroïne, Pandolfe est très malmené par les trois furies qui, triomphalement, déclarent que le fils du Roi a traité l’intruse de drôlesse. En voyant Cendrillon s’évanouir, le père se risque à élever la voix et l’on se sépare violemment. Avec sa fille il quittera ces mégères et retournera dans la ferme si tranquille d’autrefois. L’enfant a feint d’y consentir, mais elle partira seule et ira mourir sous le chêne des Fées. Elle dit adieu à la maison, à ses tourterelles, dont elle ouvre la cage, aux fleurs du jardin, à la chambre, à l’âtre, à sa place accoutumée, au brin de buis bénit, au grand fauteuil où, jadis, elle faisait son dodo sur les genoux de la maman et s’enfuit.

Chez sa marraine, elle retrouve le Prince, venu là, comme elle, en désespéré. Protégés par les esprits, séparés d’abord par un mur de feuillage magique, ils s’agenouillent et confient leur peine à la Fée. Cendrillon offre sa vie en rachat de l’âme pleurante de celui qu’elle ne peut reconnaître et aux bras de qui elle tombe