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LA PRISE DE TROIE

Lorsque, il y a une cinquantaine d’années, Hector Berlioz écrivit les Troyens, il ne voulut pas du tout en faire un drame lyrique. Son but, nettement défini, était de doter la scène française d’un franc et véritable opéra, non conçu — ai-je besoin de le dire ? — dans la forme antithéâtrale et antimusicale de certains opéras de son temps, mais continuant, en l’élargissant, la tradition des opéras de Gluck.

À cette époque, les théories nouvelles de Richard Wagner commençaient à bouleverser le monde. Berlioz les combattit, un peu parce qu’il redoutait le triomphe du colosse en qui il voyait, à tort, un ennemi, beaucoup à cause de sa tendresse pour les vieux maîtres. Très malheureusement, ces deux hauts et nobles esprits, qui eussent dû s’aimer et s’admirer, se détestèrent et ne se comprirent point. Wagner trouvait