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MUSIQUES D’HIER ET DE DEMAIN

Hécube et les princesses, Énée et les guerriers, Priam et les prêtres. L’hymne de reconnaissance, formidable, s’élève et les jeux populaires s’organisent. Mais voici la page émotionnante entre toutes : Une immense tristesse sort de l’orchestre, en une sorte de plainte chromatique ; Andromaque arrive à pas lents tenant par la main le jeune Astyanax. La clarinette, dans une mélodie de souffrance et de tendresse, dit le deuil de la veuve et du fils d’Hector, tandis que le chœur, cessant sa gaieté, laisse échapper, en brèves interjections, quelques paroles de pitié. Astyanax dépose des fleurs au pied de l’autel ; Andromaque s’agenouille à côté de lui, prie, et après l’avoir passionnément embrassé, le conduit à Priam, à Hécube, qui, solennellement, le bénissent. De nouveau, la mère et son enfant passent au milieu du peuple, qui s’écarte et qui pleure ; ils s’éloignent, disparaissent, sans avoir prononcé un mot, et la symphonie s’éteint dans un long soupir du chœur. Là, Berlioz, avec les moyens les plus simples, mais aussi avec la souveraine force du plus magnifique génie, a touché au sublime. Enée accourt et raconte la mort de Laocoon, dévoré par les serpents au moment où il allait décider les Troyens à brûler le cheval de bois. Alors, commence un ensemble de prodigieuse