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MUSIQUES D’HIER ET DE DEMAIN

le froc wagnérien en une préface retentissante où l’artiste, fièrement, réclamait son droit à choisir ses admirations comme à formuler ses critiques.

Le bruit que fit en son temps cette préface, les discussions qu’elle provoqua dans le monde musical ne sont point oubliés ; mais si M. Saint-Saëns n’est plus aujourd’hui qu’un pontife in partibus de la religion wagnérienne, trouvant sans doute, avec raison, que le dieu engendra trop de faux prophètes et amena dans le temple trop de simili-dévots, il est certain qu’il fut un des premiers apôtres du drame lyrique et qu’au moment où il y avait danger à se battre pour lui, il se battit très vaillamment, très ouvertement, disant « qu’il fallait être toujours pour l’art contre les philistins ». À l’heure où nous sommes, il est persuadé que ces mêmes philistins sont devenus wagnériens intransigeants et il persiste à « être toujours contre les philistins », naturellement, sincèrement, courageusement d’ailleurs… Et il écrit la partition de Phryné sur le thème suivant :

L’archonte Dicéphile, dont on vient d’inaugurer le buste dans un carrefour d’Athènes, est aussi avare que son neveu Nicias est prodigue. Il a acheté les créances du jeune homme et obtenu jugement contre lui. Mais au moment où