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PHRYNÉ

les démarques vont l’arrêter, Phryné fait rosser la police par ses esclaves et offre l’hospitalité à Nicias, qui, avant d’entrer en la maison joyeuse, coiffe le buste de son oncle d’une outre pleine de vin.

Dicéphile se vengera en réunissant l’Aréopage, et lorsqu’il vient annoncer à Phryné cette nouvelle menaçante, celle-ci lui joue l’éternelle comédie des coquetteries féminines. Elle la joue si bien, cette comédie, que le vieil archonte, les yeux troubles, croit voir en l’Aphrodite de Praxitèle, apparue tout à coup, le corps dévêtu de la courtisane, et quand il tombe à ses pieds, pleurant toutes ses larmes, il est surpris par Nicias, les démarques et les esclaves. Très honteux, il fait grâce à Phryné, et, dans un grand regret, il comprend enfin qu’il n’a pu contempler autre chose qu’une statue.

Le caractère de l’archonte et celui de Phryné sont des mieux dessinés. Un trille légèrement rythmé par les instruments à cordes, un allègre trait arpégé par les flûtes suffiront à dépeindre les deux principaux personnages. Une molle et charmante phrase, chantée par les chœurs à l’unisson, saluera le passage de la courtisane et enveloppera d’une atmosphère impalpable l’exquise et scabreuse apparition de l’Aphrodite, rendue prodigieusement chaste par le singulier