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MUSIQUES D’HIER ET DE DEMAIN

lorsque Pistola et Bardolfo, invoquant gravement l’honneur, refusent de négocier l’affaire, Falstaff, plein de mépris, s’insurge contre cet honneur, mot inutile, simple écusson, impalpable souffle ; il jette ses acolytes à la porte et envoie un page porter les lettres.

Tout cela est d’une véhémence orchestrale extraordinaire. Le ventre bedonnant de Falstaff apparaît magnifié par un motif arrondi qui s’enfle dans les cuivres avec une désopilante importance et se mêle plaisamment aux descriptions de la grâce précieuse des deux commères. La tirade sur l’honneur, d’une coupe si originale, d’un comique si somptueux, est d’effet irrésistible.

Dans le jardin de Ford, maintenant, voici réunies mistress Ford, miss Nannette, mistress Page et mistress Quickly. Les deux lettres, arrivées à destination, sont lues au milieu des rires et des moqueries ; Falstaff sera puni de son outrecuidance, car on lui prépare une terrible farce, et Ford, tout ému par les révélations de Bardolfo et de Pistola, songe également à se venger, prenant pour confident le docteur Caïus, son futur gendre, et ne surveillant pas assez, d’ailleurs, sa fille jeannette, qui trouve le moyen d’échanger des baisers avec le jeune Fenton, pendant que ce double complot se trame.