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FALSTAFF

À Milan, ce tableau était un éblouissement : les quatre femmes et les cinq hommes y babillaient avec une légèreté, un mouvement, une justesse, une précision de nuances et de rythmes que nous ne retrouvons plus ici. — Il faut en accuser, sans doute, la traduction française, qui alourdit de nombreux passages. — L’orchestre y est traité avec une fantaisie délicieuse et chacun de ses instruments s’y exprime de façon tout à fait imprévue. La lecture des lettres, par exemple, dans « la sonorité gravement bouffonne du cor anglais, est d’une drôlerie bien particulière. Le contraste est frappant des deux amoureux, qui traversent en s’embrassant les groupes de bons fous affairés et chantent des mélodies exquises de poésie juvénile et tendre.

À l’hôtellerie, c’est mistress Quickly qui apporte à Falstaff la réponse à ses lettres. Elle organise ainsi deux rendez-vous avec mistress Ford et mistress Page ; puis Ford, sous le nom de Fontaine, accourt auprès de sir John, muni d’un sac d’argent.

Il demande au très cynique drôle de lui ménager une entrevue avec une certaine mistress Ford, qu’il adore, et Falstaff, tout en empochant la somme, affirme que rien ne lui est plus facile, ayant pris rendez-vous avec la dame pour le jour même. « Ah ! les cornes ! les cornes ! » gémit