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OTHELLO

grisant Cassio, commence son œuvre de haine, provoque une terrible querelle, qui, au bruit du tocsin, dégénère en un combat furieux, auquel accourent Othello et Desdémone. Par ordre du général, Cassio n’est plus capitaine : tout s’apaise, et, sous la lune tranquille, soutenu par les accords murmurants des violoncelles, se fait entendre l’unique dialogue d’amour, posant la phrase du baiser, qui servira de conclusion à l’ouvrage. Et le rideau s’abaisse lentement après que les deux voix se sont enlacées et pendant que les violons et les harpes sèment encore comme une poussière d’étoiles.

Maintenant, au palais d’Othello, Iago poursuit l’exécution du plan infernal et nous ouvre son cœur. Une fanfare de blasphème, large credo satanique, en l’unisson des cuivres et des cordes, clame la scélératesse de la vie, raille la mort en harmonies grimaçantes et s’éteint en quelques notes de contrebasses. Goutte à goutte, le poison de la jalousie va être versé dans l’âme d’Othello par son faux ami. C’est la traduction musicale très habile des scènes connues de Shakespeare : la demande en grâce de Cassio à Desdémone, le vol du mouchoir, le récit du rêve, coupées par une aubade avec accompagnement de mandolines et de guitares, qui, en dépit de sa couleur pittoresque et paysanne, est un hors-d’œuvre trop