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Page:Bruneau - Musiques d’hier et de demain, 1900.djvu/96

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MUSIQUES D’HIER ET DE DEMAIN

enfin, pour l’honneur et la gloire de la jeune musique.

Si la préface instrumentale d’Orphée n’a pas la force expressive, la surprenante éloquence de l’ouverture d’Iphigénie en Aulide, la plus justement célèbre de toutes les ouvertures de Gluck, ou même de l’ouverture d’Alceste, si belle et si pathétique, au moins est-elle d’accord avec les idées émises par l’auteur dans son épîlre dédicatoire au grand-duc de Toscane. Sa véhémence désespérée, sa tendresse un peu farouche préparent les spectateurs au drame qui va se jouer. La lente lamentation du peuple devant le tombeau d’Eurydice, les trois cris déchirants d’Orphée qui la dominent, la pantomime funèbre qui la suit sont d’une solennité superbe. Mais le poète, resté seul, dit sa douleur en deux strophes émouvantes. L’écho d’un hautbois lointain, répétant ses appels, associe la nature au deuil de son âme et, sur un trémolo furibond des cordes, Orphée adresse aux terribles dieux des Enfers une supplication suprême. Le secourable Amour le rassure et le console. Aux accords de sa lyre, les portes du ténébreux séjour s’ouvriront et Eurydice lui sera rendue s’il la peut reconnaître sans l’avoir regardée. Une douceur délicieuse, un charme vraiment divin émanent de ces mélodies