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d’une manière extraordinaire. Alors, voyant la violence de ses soupirs, je repoussai la mort et toute la foule de ses ministres dont elle était accompagnée, et j’invoquai mon père miséricordieux, disant :


CHAPITRE XXII.


Ô père de toute clémence, œil qui vois et oreille qui entends ! écoute mes supplications et mes prières pour le vieillard Joseph, et envoie Michel, le prince de tes anges, et Gabriel, le héraut de la lumière, et toute la lumière de tes anges, et que tout leur ordre chemine avec l’âme de mon père Joseph jusqu’à ce qu’ils te l’aient amenée. Voici l’heure où mon père a besoin de miséricorde. Et je vous dis que tous les saints, bien plus tous les hommes qui naîtront dans ce monde, qu’ils soient justes ou pervers, doivent nécessairement goûter la mort (8)[1].


CHAPITRE XXIII.


Michel et Gabriel vinrent donc vers l’âme de mon père Joseph. Et l’ayant prise, ils la plièrent dans un linceul éclatant. Il rendit ainsi l’esprit dans les mains de mon père le miséricordieux, et la paix lui fut accordée, et aucun de ses enfants ne sut qu’il s’était endormi. Mais les anges préservèrent son âme des démons de ténèbres qui étaient sur la route, et ils louèrent Dieu, jusqu’à ce qu’ils l’eurent conduite au lieu qu’habitent les justes.

  1. On trouve dans saint Mathieu (ch. xvi. 28), cette même expression énergique : non gustabunt mortem ; il en est fait usage dans une ancienne traduction latine du Coran : omnis anima gustabit mortem.