Page:Brunet - Evangiles Apocryphes, 1863.djvu/51

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oreilles, parce qu'il avait ressuscité un enfant mort de la piqûre d'un céraste, et cela pour lui apprendre qu'il devait s'abstenir de toute action propre à lui attirer l'envie. À ces mots, » Jésus pleura en pensant à l'amertume de sa mort, au jour où les Juifs doivent l'attacher à la croix pour le salut de tous les hommes. Bientôt après il appelle sa mère, et ils s'asseyent ensemble, Jésus auprès de la tête de son père, et Marie à ses pieds. Il appelle aussi tous les fils et les filles de Joseph, et dans leur nombre, Lysia leur aînée, ouvrière en pourpre : tous pleurent sur leur père expirant.» Ayant alors tourné mes regards vers la partie méridionale de la porte, j'aperçus l'Amentès qui était accouru de ce côté, c'est-à-dire le diable instigateur et artificieux de tous les temps. Je vis aussi une multitude de Décans, monstres aux formes variées, revêtus d'une armure de feu, si nombreux, qu'il eût été impossible de les compter, et vomissant du soufre et de la fumée par la bouche. Dès que mon père Joseph eut jeté les yeux sur ces êtres épouvantables, qui étaient venus auprès de lui, il les aperçut terribles comme lorsque la colère et la fureur les animaient contre une âme qui vient de quitter son corps, surtout si c'est celle d'un pécheur dans laquelle ils ont trouvé la marque qui caractérise leur sceau. Mon père, à la vieillesse vénérable, en apercevant ces monstres autour de lui, fut saisi d'épouvante, et ses yeux laissèrent couler des larmes. Son âme voulut se réfugier dans des ténèbres épaisses ; et, cherchant un lieu pour se cacher, elle ne le trouva point. Dès que je vis que le trouble s'était ainsi emparé de l'âme de mon père, et que ses regards ne tombaient que sur des spectres aux formes les plus diverses et d'un aspect hideux, je m'avançai pour gourmander celui qui était l'organe du diable, ainsi que les légions infernales qui étaient accourues avec lui : elles s'enfuirent aussitôt à ma voix dans le plus grand désordre ; mais aucun de ceux qui étaient rassemblés autour de mon père n'eut connaissance de ce qui venait de se passer, non plus que ma mère Marie. Dès que la Mort eut été témoin de la manière sévère dont j'avais traité les puissances des ténèbres qui formaient son cortège ; dès qu'elle eut vu que je les avais mises en fuite, et qu'aucune d'elles n'était restée auprès de mon père Joseph, saisie de crainte à son tour, elle s'enfuit, et alla chercher un asile derrière la porte. J'adressai alors à mon Père bon une prière conçue en ces termes : « O mon père, toi qui es la source de toute bonté, toi l'auteur de toute vérité, l’œil qui voit tout, l'oreille qui entend