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à son retour en France, il les fit relier, n’ont jamais été dépassés. C’est avec Grolier que la reliure française commence à prendre son essor, et c’est à son inspiration que sont dues les splendides reliures de l’époque de François Ier.

Plus tard, Nicolas et Clovis Eve, sous Henri IV, ne s’inspirèrent que d’eux-mêmes, sans demander, comme Grolier, à la reliure italienne, ses modèles ; et, délaissant la mosaïque, ils exécutèrent des reliures à petits fers qui sont encore restées des merveilles de dessin et de finesse.

Dans la suite, ils furent surpassés par Le Gascon, sa reliure de La Guirlande de Julie est restée un modèle de grâce et de finesse d’exécution. « Cet artiste véritable, écrivait M. Feydeau dans La Presse, atteignit la perfection absolue de la dorure et jamais son secret ne fut retrouvé. C’est une netteté, une finesse, qui découragent les mains des plus illustres et des plus habiles. »

S’inspirant des reliures des Grolier, des Eve, des Le Gascon, les relieurs français n’avaient plus qu’à suivre la route si brillamment tracée par leurs prédécesseurs, qui, s’ils ont été égalés, n’ont pas été surpassés.

Nous aimons à croire que les bibliophiles et les artistes puiseront d’utiles enseignements dans les planches de reliure qui suivent et dont la photogravure permet, grâce à son extrême fidélité, de suivre les plus petits détails. Nous avons cru utile d’ajouter pour 31 des planches les plus remarquables, une notice descriptive. Mais si, grâce à la photogravure, nous avons pu remplacer par des reproductions d’une exactitude mathématique, des descriptions plus ou moins claires et précises, nous n’avons pu malheureusement rendre aux reliures que nous reproduisons, la fraîcheur et la netteté de leurs premiers jours. Les bibliophiles et les amateurs nous pardonneront bien volontiers sans doute ces quelques imperfections, en admirant comme nous ces merveilleuses reliures, qu’à trois cents ans de distance, nous avons pu si heureusement reproduire, pour en former en quelque sorte, le Livre d’or d’un art dans lequel, jusqu’ici, la France est toujours restée, sans conteste, la première artiste du monde.