Page:Brunet - Le mariage blanc d'Armandine, contes, 1943.djvu/118

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Je compris, et j’eus un réflexe de dégoût :

— Pourquoi te scandaliser ? la propriété m’appartenait, et il y a une maxime de droit qui permet au propriétaire d’user et d’abuser…

Jules Langlais, dans un sourire sarcastique, avait de ces cynismes. Et l’invraisemblance de ces gestes ne lui garantissait-elle pas l’impunité ?

Quelques jours plus tard, Jules Langlais convoqua le ban et l’arrière-ban de ses amis et de ses parasites à sa maison des champs. Les invités se rendirent nombreux, et il ne les déçut point, lorsqu’au milieu d’un cercle qui le flagornait, il nous dit :

— Ce n’est pas tant pour mon plaisir et le vôtre que je vous ai réunis que pour vous faire participer à une œuvre humanitaire. J’ai fait une petite enquête et j’ai découvert que ce pauvre Brossard avait un enfant naturel. Madame Langlais nous a appris la philanthropie et j’estime qu’il serait indigne de nous de laisser dans l’indigence un enfant d’un homme célèbre. Je fonde une société de secours, et ma femme en sera sûrement la trésorière : elle s’y connaît. Madame Langlais, veuillez accepter ce petit chèque.

Il présentait le chèque à Martine qui